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N'oublie rien
Editions de l’Olivier, février 2024
En 1970, Jean-Pierre Martin est incarcéré à la maison d’arrêt de Saint-Nazaire pour apologie du crime d’incendie volontaire. Il a distribué un tract justifiant l’attaque au cocktail Molotov de la direction des Chantiers de l’Atlantique, en réplique à une série d’accidents du travail qui ont entraîné la mort de plusieurs ouvriers. Il a 22 ans.
En 2024, il publie le récit de ses 61 jours de mitard. Parce qu’il ne veut pas oublier.
De quoi parle ce livre ?
D’une révolte qui n’est toujours pas éteinte.
De la solitude du militant de base.
De la violence, et du désir de changer le monde.
Enfin, de l’amitié entre un étudiant établi en usine et un ouvrier des Chantiers de l’Atlantique.
« Le fait que le présent d’hier et celui d’aujourd’hui se superposent au point de parfois se confondre, est ce qui confère à N’oublie rien sa puissante justesse émotionnelle, une force de vérité qui excède l’intérêt pourtant patent de son matériau désormais historique. » (Bertrand Leclair, «Temps d’arrêt – sur N’oublie rien » AOC, 5 février 2024)
« Le récit carcéral révèle sa teneur existentielle dans un huis clos à double fond, celui d’un jeune révolté qui se retrouve soudain enfermé avec son moi, dans une intimité jusque-là mise de côté, voire refoulée dans la lutte collective. Et cette confrontation-là est passionnante. » (Alexis Buffet, « La GP au mitard », EaN, 6 février 2024)
« La force de cette histoire est aussi dans sa résonance avec des procès bien plus contemporains, qui brisent une gauche militante souvent fantasmées, et brise ainsi des jeunes gens, tout en dissuadant ceux qui voudraient les imiter. » (Marie Fouquet, Livres Hebdo, février 2024)
« C’est la simple et grande beauté du livre : faire partager quelque chose comme un examen de conscience, un voyage à l’intérieur de soi, une méditation à vif sur le sens de ses relations avec les autres […] Le livre fait alors le lien de la survie à une vie d’homme pour dire avec une force claire, lucide et vraiment superbe, la fidélité aux idéaux de la jeunesse. » (Fabrice Gabriel, « N’oublie rien de Jean-Pierre Martin : ô ma jeunesse jamais abandonnée », Le Monde, 16 février 2024)
« Cette chronique d'un passage en prison, réflexion sur la réclusion et carnet de bord d'une rude traversée en solitaire sans horizon, acide sur la révolte, empathique pour les autres détenues, tranche par une forme d'élégance dans le style. » (Jean-Claude Raspiengas, « Du rêve de Grand soir au cauchemar du mitard », La Croix, 30 mai 2024)
Le monde des Martin
Editions de l’Olivier, février 2022
Des vies de saints, de soldats, de missionnaires, de colons, de héros, de salauds, d’escrocs, d’artistes, d’explorateurs… Pour la plupart, des oubliés ou des anonymes, ayant un seul point commun, leur nom de famille : Martin.
Jean-Pierre Martin s’est plongé dans leurs diverses époques, a sondé leurs origines multiples, a reconstitué leurs paysages, les a suivis dans leurs pérégrinations, afin de composer une fiction documentée qui traverse l’Histoire et les continents, du IVe siècle (vie de Martinus, origine du patronyme) jusqu’à aujourd’hui (vie de Trayvon Martin, jeune homme de dix-sept ans assassiné, devenu icône de l’Amérique noire).
Traversée par une érudition joyeuse et joueuse, Le Monde des Martin est une épopée mondiale et encyclopédique sur la condition humaine. C’est aussi une fable méditative autour de la mémoire, de la transmission écrite ou orale, de ses leurres, de ses exactitudes et de ses approximations, de ses interrogations : que reste-t-il d’un homme ? Comment raconter une vie ?
C’est enfin un défi littéraire : l’entreprise d’un grand récit patronymique, l’aventure d’un nom propre très commun.
« Une aventure folle et passionnante » (Gladys Marivat, Lire Magazine littéraire, février 2022)
« La fabuleuse odyssée d'un patronyme ordinaire. À travers une inoubliable galerie de portraits, l’écrivain philosophe Jean-Pierre Martin nous conte l’histoire picaresque de son nom de famille, particulièrement répandu, du Moyen Âge à nos jours. » (Nathalie Crom, Télérama,2 février 2022)
« Jean-Pierre Martin signe une hilarante parodie de généalogie [...] Le Monde des Martin, perecquienne "tentative d’épuisement d’un nom ", truffé de clins d’œil aux grandes œuvres, est un merveilleux hommage à la littérature.» (Camille Laurens,Le Monde des livres, 4 février 2022)
« L'essayiste et romancier crée une fresque monumentale et réussie rassemblant celles et ceux qui portent son nom. » (Sylvie Tanette, Les Inrockuptibles, février 2022)
« L'idée de ce livre est excellente, et le résultat jubilatoire.» (Jean-Claude Perrier, Livres hebdo, février 2022)
Mes fous
Editions de l’Olivier, août 2020. (Deuxième sélection Goncourt, sélection Goncourt des lycéens, finaliste prix Médicis).
Sandor est perplexe. Est-ce que j’attire les fous, ou bien est-ce moi qui cherche leur compagnie ? Dès qu’il sort de chez lui, ces corps errants l’abordent et s’accrochent à sa personne, faisant de lui le dépositaire de leurs récits extravagants. Il y a Dédé, le fou météo. Laetitia et ses visions étranges. Madame Brandoux, qui jure toute la journée contre le monde entier. Et bien d’autres encore. Sandor se demande s’il n’est pas fou lui-même. D’autant que Constance, sa fille, est atteinte d’une terrible maladie psychique qui l’isole du reste du monde… Avec sensibilité, avec humour, avec désespoir, Jean-Pierre Martin raconte ceux qui butent, qui penchent, qui chantent la journée et hurlent la nuit.
« Ce roman est un enchantement. Une drôlerie irrésistible tempérée par la douceur du ton et la mélancolie du propos. Un régal de lecture plus profond que sa légèreté le laisse à croire. » (Pierre Assouline, La République des livres, 20 septembre 2020)
« Un sublime éloge de notre éternelle lutte contre la mélancolie qui pose en creux une question : de qui sommes-nous les fous, si ce n'est de nous-mêmes ? » (Stéphane Duchêne, Le petit bulletin, septembre 2020)
« Bien qu’il n’en porte pas mention, Mes fous est un roman, et des plus nécessaires, dans la mesure où son monde imaginaire, riche de personnages à la fois étranges et familiers, dévoile la réalité du nôtre. En vérité, sa cohorte de branques nous étreint le cœur en nous montrant ce que nous ne voulons pas voir : que nous sommes tous en équilibre instable, tous funambules.»(Camille Laurens, Le Monde des livres, 1er octobre 2020)
« Avec une douce ironie, Jean-Pierre Martin compose la balade mélancolique d’un homme qui attire comme un aimant dépressifs et aliénés. » (Corinne Renou-Rativel, La Croix, 18 octobre 2020)
« À travers le narrateur, nommé Sandor, Jean-Pierre Martin étudie les multiples visages de la folie, omniprésente, que ce soit à la ville ou à la campagne. Mais, loin d’avoir la froideur scientifique, l’écriture révèle une grande empathie, l’auteur se faisant moins psychanalyste qu’infirmier. Ainsi, il esquisse un nouveau rapport au monde, une « solidarité d’affliction ». (Patrick Kéchichian, AOC, 20 octobre 2020)
« Un roman pour notre temps, d'une grande actualité existentielle. » (Alexis Buffet, Libération, 6 novembre 2020)
« C'est un grand roman de la compassion, de la compréhension et de la lutte contre la normalisation. C'est un murmure – il faut prêter l'oreille –, une étreinte – il faut ouvrir les bras –, un « herbier psychotique » d'une poésie et d'une douceur inoubliables. » (Marine de Tilly, Le Point, le 6 novembre 2020)
Lettre sur l'amitié
« Le Chemin » Gallimard
Ce texte a été publié le 12 mai 2020 dans la collection numérique « Le Chemin », chez Gallimard. https://lechemin.gallimard.fr (édition électronique offerte en période de déconfinement)
« En ce temps-là, chacun étant retenu chez soi, il n’y avait plus d’excuse à formuler sur le fait que nous ne nous rendions pas visite les uns aux autres, sur le fait que nous remettions toujours à l’été d’après une rencontre toujours différée dont cependant nous ne cessions d’affirmer l’importance.
En ce temps-là, l’interdiction de nous embrasser mettait tout à coup en relief l’intensité d’une embrassade. La poignée de main la plus conventionnelle, de ne plus pouvoir se produire, retrouvait dans notre pensée une chaleur originelle et nostalgique. La distance nous faisait éprouver un bienfait paradoxal : elle remettait à zéro l’horloge des signes d’affection.
En ce temps-là, nous gardions nos ennemis, si précieux : les différends fondamentaux ne s’effaçaient pas comme par miracle. Mais nous nous rendions mieux compte combien chacun de nos amis, y compris les plus lointains, les plus improbables désormais, nous était cher. Etrangement, ils reprenaient vie, nos amis disparus.
La curiosité
Autrement, coll. Les grands mots, 2019. (Bourse Cioran)
« La curiosité a mauvaise réputation. Loin d’une passion triste et voyeuriste, Jean-Pierre Martin l’envisage surtout comme une vertu, un élan salutaire.
Avec l’étonnement ou le doute – sources de l’activité philosophique –, la curiosité provoque la rencontre d’un objet inattendu, jusque-là exclu de notre pensée. Elle va de question en question. Au désir de savoir, elle oppose une surprise. Elle va plus loin encore. Elle s’insurge contre l’indifférence. Son étymologie (cura) nous dit qu’elle prend soin du monde. Invitant à une conversion du regard, elle est une manière de penser, mais aussi une raison de vivre. »
« Dans cet essai lauréat de la bourse Cioran, une très vivifiante et convaincante réhabilitation de la curiosité. » (Véronique Rossignol, Livres Hebdo, 5 septembre 2019)
« Un passionnant essai sur un supposé vilain défaut, dans lequel à rebours des moralistes d’antan, Jean-Pierre Martin discerne un élan, une vertu, un cheminement salutaire. » (Cécile Guilbert, La Croix, 11 septembre 2019)
« Une ode enthousiaste à cet élan de l’esprit qui comme l’étonnement pour la philosophie, est à la base de tout gai savoir, constamment renouvelé. » (Robert Maggiori, Libération, 19 septembre 2019)
« Il faut, comme Jean-Pierre Martin, avoir été à « un cheveu » de perdre sa curiosité, pour savoir lui rendre un hommage aussi juste. » (Catherine Portevin, Philosophie magazine, octobre 2019)
« Un scintillant plaidoyer pour la curiosité, remède contre tous les endoctrinements. » (Mark Hunyadi, Le Temps, 12 octobre 2010)
Real Book, Autopianographie
Seuil, Coll. Fiction & Cie, 2019
« Autopianographie » : écrire un récit de soi au piano comme on improvise un chorus, raconter une existence à partir du rapport entre quatre-vingt-huit touches d’ivoire et les dix doigts qui les ont approchées avec ferveur.
L’auteur de ce récit a beaucoup fréquenté les pianos. Ce n’est pas un musicien professionnel. Plutôt un pianoteur. Après avoir tenté, sur le tard, de « faire pianiste de jazz », il a renoncé. Pas tout à fait cependant. Son amour intermittent du piano a pris mille formes, passant par tous les stades d’une relation passionnelle et dévoratrice : élans, déceptions, ruptures, retrouvailles enflammées… Désormais, l’amant maintes fois éconduit est résolu à poursuivre, coûte que coûte, l’objet de son désir. Il a décidé de pratiquer chaque jour, avec jouissance et obstination, des exercices d’humilité et d’improvisation. Oscillant entre deux claviers, il cherche tour à tour ses mots et ses notes.
Autant qu’un hymne à la musique de jazz comme forme de vie, ce livre est une méditation légère sur nos vocations secrètes, étouffées ou renaissantes. Etre un peu autre que soi, voilà ce qu’une pratique artistique, même modestement mise en œuvre, nous donne à rêver. Tout amateur (l’amateur : celui qui aime) se reconnaîtra dans ces lignes - que son violon d’Ingres se nomme chant lyrique, dessin, théâtre, saxophone ou claquettes.
« Dans son Real Book qui s’inscrit comme naturellement dans une collection « Fiction & Cie » déjà fréquentée du même auteur par deux fois auparavant, nous retrouvons Martin à son meilleur, tantôt en narrateur malicieux de souvenirs plaisants, tantôt en sémiologue averti qui réfléchit à un art qui fut comme désespérément le sien et qui le comble encore de bonheur à l’heure actuelle.» (Jacques Dubois, Diacritik, 15 février 2019)
« Il est rare de tomber sur un livre dont on voudrait souligner (et donc citer) presque toutes les phrases. C’est un signe qui ne trompe pas. Il porte moins sur la valeur absolue (comment la calculer ?) de l’ouvrage en question que sur l’effet direct et immédiat, disons même jubilatoire, qu’il produit.» (Patrick Kéchichian, AOC, 19 février 2019)
« Écrit comme on improvise sourire aux lèvres, en s’interdisant de laisser paraître le travail acharné qui permet de se dépasser, Real Book fait une chance du passé désaccordé de l’auteur, laminé à 20 ans par le grand souffle révolutionnaire. Un exorcisme, en somme. » (Bertrand Leclair, Le Monde des livres, 8 mars 2019)
« Certains livres font plus de bien que d’autres. Ainsi de celui de Jean-Pierre Martin.» (Patrick Kéchichian, La Croix, 21 mars 2010)
« L’âge venant, même à cet éternel jeune homme né en 1948, il refait le parcours d’une vie houleuse, mais cette fois en «Confessions » à la Rousseau, humoristiques mais passionnées, sur un tempo de jazz. » (Isabelle Rüff, « A la recherche du tempo perdu », Le Temps, 11 mai 2019)
« Un portrait de l’écrivain au piano, une manière de parler de soi en biais. » (Claire Devarrieux, Libération, 19 septembre 2019)
La honte
Gallimard, Folio essais, 2017
La honte : émotion particulièrement inavouable, à la fois historique et singulière, intime et collective, plus que toute autre, peut-être, extensive, expansive, contagieuse et susceptible de traverser tous les individus sans distinction.
La honte, c’est aussi un des grands ressorts de la littérature. Nous pouvons en effet nous sentir solidaires de quiconque fait l’aveu de sa honte, et singulièrement de celui qui l’écrit, parce que, ayant partie liée avec notre expérience commune, il est celui qui nous dit «honteux lecteur, mon semblable, mon frère».
Plongeant dans les gouffres de la déconsidération de soi, la littérature ose briser avec fracas le «silence sacré de la honte». Relisant de grands textes (Rousseau, Dostoïevski, Kafka, Leiris, Gombrowicz, Duras, Philip Roth, Rushdie, Coetzee…), Jean-Pierre Martin déploie les multiples formes de la honte – intime, sociale, historique, politique – en particulier au cœur du récit des survivants
(Levi, Antelme, Semprun, Seel…), dans la trame du roman des origines (Memmi, Camus, Cohen, Nizan…), à la source du geste même de l’écriture (Gombrowicz).
Ces fragments de discours honteux que tient la littérature, mieux que toute théorie, restituent au plus près l’incessante transformation d’un sujet en un objet.
« Ce kaléidoscope passionnant, on évitera de le faire tourner trop vite, de peur d'avoir le tournis. Toutes les hontes y sont évoquées - celles des familles, des souvenirs d'enfance, des origines (sociales, ethniques, régionales, nationales), celles du corps, de la nudité, de la posture. A ces hontes personnelles, liées à un travers ou à un événement singulier, se superposent les hontes endossées, partages d'un destin collectif, d'une mémoire ou d'un opprobre communs.» (Roger-Pol Droit, Le Monde des livres, 7 septembre 2006)
« Jean-Pierre Martin n'entend en rien épuiser son sujet mais dresser une ethnologie assez exhaustive du rapport finalement très productif entre déconsidération de soi et création littéraire. » (Jean-Baptiste Marongiu, Libération, 19 octobre 2006)
« La honte admet en fait mille et une déclinaisons et l’égrenage argumenté et érudit auquel se livre Jean-Pierre Martin est tout simplement passionnant. » (Nathalie Crom, Télérama, 30 septembre 2006)
« Dans un essai inspiré et convaincant, Jean-Pierre Martin remonte le fil de la honte qui innerve selon lui toute littéraire originale, en proposant des parentés souvent originales. » (Sophie Deltin, Le Matricule des anges, novembre-décembre 2005)
La nouvelle surprise de l'amour
Gallimard, 2016
Eva était ma surprise, ma vie recommençait avec elle, il fallait bien que je l’admette. Pour me dédouaner, je fis comme si elle était responsable de notre histoire. J’étais emporté par une force qui me dépassait.
Dans un premier temps, luttant contre mon propre désir, je l’incitai à vivre sa vie.
Je ne voulais pas la retenir. Nous habitions deux continents éloignés. Un océan nous séparait. Le bouleversement qui s’était emparé de moi ne ressemblait à rien de ce que j’avais vécu auparavant. J’étais ailleurs. J’étais transfiguré. A l’approche de la soixantaine, je refis mon éducation sentimentale. Mais à rebours.
« Être enfin à sa place ou n’y être pas, telle est la question de ce récit. D’une écriture alerte et pétillante, précédant le jugement pour s’en prémunir, Martin interroge la responsabilité et l’euphorie d’être père. […] Quel rapport avec la Gauche prolétarienne des jeunes années ? Le romantisme, sans aucun doute. » (Bertrand Leclair, Le Monde des livres, 28 mai 2016)
L'autre vie d'Orwell
Gallimard, collection « L'un et l'autre », 2013
« Sur un fond de silence et de solitude, on perçoit le bruissement de la mer. La ferme est seule en contrebas, plus seule encore que je ne l’imaginais d’après les lettres et les descriptions.
Maintenant que je tiens Barnhill sous mes yeux, maintenant que je peux contempler ce paysage, cet océan, que je devine le jardin désormais abandonné, que j’aperçois des restes du verger, maintenant que je peux imaginer l’homme oscillant entre la main à plume et la main à charrue, entre la chambre où s’invente Big Brother et cette vie du dehors livrée aux éléments, à l’écart de l’Histoire, je ne vois pas davantage de raison majeure, de raison tout court qui l’emporterait, qui puisse justifier cette fugue, mis à part ce qui dépasse la raison, une pulsion profonde, une intériorité exigeante, radicale, propulsant assez loin de ce que l’on croit être soi, de la figure de soi que les circonstances ont façonnée, et de ce que l’on passe pour être au regard des autres. »
« On a beaucoup présenté Orwell comme un écrivain engagé, notamment aux côtés du POUM pendant la guerre d’Espagne. On connaît moins « l’autre vie d’Orwell » à laquelle Jean-Pierre Martin consacre un bel essai. Il y raconte l’histoire de sa dernière maison. » (Nicolas Guégan, Le Nouvel observateur, 10 janvier 2013)
« C’est bien l’espoir d’une vita nova qui se dessine ici, vie nouvelle, négation d’une mort proche, ultime rébellion, dernière chance de tout recommencer. » (Marielle Macé, Le Monde des livres, 18 janvier 2013)
« Jean-Pierre Martin livre ici un récit délicat, vivifiant. Et, désormais, nous ne pourrons plus relire 1984 sans une pensée émue pour Barnhill, la ferme aux animaux d’Orwell, perdue dans les Hébrides. » (Jérôme Dupuy, L’Express, 30 janvier 2013)
« Voici un livre précieux comme le premier perce-neige après l’hiver. Il est aussi un des derniers ouvrages qu’aura édités l’élégant J.-B. Pontalis, mort le 15 janvier dernier. Dans cet élan vital, on lit aussi son testament. » (Catherine Portevin, Philosophie magazine, mars 2013)
« Dans un attachant court récit consacré aux dernières années de la vie d’Orwell, Jean-Pierre Martin nous rappelle une vérité étrangement négligée, à savoir que la trajectoire d’une œuvre, d’une pensée est inséparable de son existence sensible ». (Jacques Henric, Artpress, mars 2013)
Éloge de l'apostat, essai sur la réinvention de soi
Le livre de poche, Biblio essais, 2013
« Ne jamais se renier ? Rester fidèle à sa routine, à sa marotte, voire à sa bêtise ? Ne pas se raviser ? Ne pas se dédire ? Pourquoi devrait-on toujours s’éprouver et se reconnaître identique à soi ? Quelle est la légitimité de cette assignation au passé ? Nous sommes des êtres changeants et métamorphiques, pas des soldats de plomb. Ce livre, qui prend sa source dans l’expérience personnelle de l’auteur, envisage l’aventure des écrivains qui ont osé réinventer leur vie, voire en essayer plusieurs. Ce fut le cas en particulier pour Rousseau, Barthes, Duras, Gary ; Koestler, Gide, Vailland, Sartre, Nizan, Semprun, Leiris… Le « devenir autre » fut pour eux un défi, une nécessité tout à la fois éthique, esthétique et existentielle. Le geste qui consiste à briser une allégeance, à s’interrompre soi-même, à entrer dans une vita nova, on l’appellera ici : apostasie. On n’a pas fini d’en décrire la beauté et l’audace. »
Première parution, Le Seuil, Coll. Fiction & Cie. 2010
« Un bel essai mêlant témoignage personnel et étude de cas (Rousseau, Duras, Gide, Barthes, Sartre...) où l'auteur explore le thème de la désertion et de la “vie transfuge”. » (Jean Birnbaum, Le Monde Magazine, 17 avril 2010)
« Dans un essai roboratif, une méditation sur le droit de changer, d'abandonner les anciennes croyances et d'aborder une vie nouvelle. » (Isabelle Rüf, Le Temps, 24 avril 2010)
« Un livre brillant et douloureux qui se propose de traverser en tous sens le territoire des défroqués, des re-nés et des transfuges. » (Jean-Paul Enthoven, « Renaître, disent-ils », Le Point, 27 avril 2010)
« Jean-Pierre Martin appuie son auto-réflexion sur des analyses nombreuses, vives, informées et convaincantes.» (Patrick Kéchichian, Artpress, juin 2010)
« Avec les "fictions critiques" de Pierre Bayard, il y a là le plus excitant exercice critique qu'on puisse lire en ce moment. » (Jean-Louis Lambert, Esprit, février 2011)
« Jean-Pierre Martin dans ce magnifique essai poursuit cette "anthropologie sensible que la littérature nous donne à penser". De cet éloge paradoxal, il tire un très original et très beau parcours de la seconde moitié du siècle. » (Jean-Louis Jeannelle, RHLF, avril 2012)
Les liaisons ferroviaires
J'ai Lu, 2013 (sélection prix France-culture / Télérama)
« C’est un sujet inédit. L’amour contemporain. Ne riez pas. Ou plutôt les amours de rencontre. Les amours médiologiques, corrélés à une technologie, suivez-moi bien. On n’a encore jamais vraiment réussi à parler de ça au sens où je l’entends moi : l’amour au temps du TGV, l’amour comme force générale, cœur et corps confondus, comme très grande vitesse de recherche éperdue de l’autre par tous les moyens. »
« Jean-Pierre Martin, conducteur tout-puissant de ce TGV romanesque où tout le monde joue un rôle, a composé un petit bijou d’humour et de tendresse. Un roman à sketches à base de monologues intérieurs, de dialogues et d’historiettes racontées par leur différents protagonistes ou témoins, chacun de son point de vue ou d’ouïe. Décidément, ce professeur Martin est un écrivain épatant. » (Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo, 19 novembre 2010)
« Dans ce roman, bijou d'humour et de finesse, de pure élégance, Jean-Pierre Martin bichonne sa narration et embarque le lecteur pour une unique destination : le plaisir. » (Martine Laval, Télérama, le 20 janvier 2011)
« De la très grande virtuosité, une formidable roman polyphonique. » (Jean-Baptiste Harang, Le Magazine littéraire, février 2011)
Queneau Losophe
Gallimard, collection « L'un et l'autre », 2011
« Il m’était apparu que la losophie prenait sa source chez Queneau comme chez moi dans une adolescence chaste, d’origine provinciale, à la recherche d’un impossible système pour contenir le monde, déçue dans sa quête du savoir absolu. Il y avait eu une invention qui était sienne, cela, je ne le contestais pas, il en avait même énoncé un des principes premiers (« Quand je me mets à penser, je ne m’en sors plus »), mais pour cette invention en quelque sorte instinctive, pour cette discipline nouvelle, cette forme de sagesse qui, n’étant ni tout à fait de la littérature ni tout à fait de la philosophie, jouissait du meilleur des deux, il n’avait pas trouvé de nom.
La losophie permettait au passage de réunir les Queneau qu’on a tendance à opposer, et de lui recoudre son habit d’Arlequin. Elle réconciliait le linguiste et le philosophe, le gnostique et le pataphysicien, le croyant épris de sainteté et le poète drolatique pas très catholique.
Les études de philosophie sont des sortes de classes préparatoires à la losophie, à condition qu’entre-temps on ait éprouvé une petite nausée passagère mais salutaire à l’égard de la raideur du concept, et qu’on ait un tant soit peu accédé à la fraîcheur d’exister. »
« Entre jeu de pensée et jeu de mots, certains voudront relever ce défi losophe, remarquer qu’un peu de « phi » en moins donne beaucoup de vie en plus, inviter à ne pas faire fi de la losophie. Peine perdue : un jeu de mots jamais n’abolira le bazar, cette mixture impossible de pataquès et de pensée, de pataphysique et de gnose, de plaisir de lire et d’aventures de plume. » (Roger-Pol Droit, Le Monde des livres, 14 avril 2011)
« À la fois biographie, autobiographie, traité (phi)losophique et critique littéraire, Queneau losophe est un kekchose jubilatoire et émouvant, une irrésistible invitation à lire et à relire Queneau - ainsi qu'un art de la lecture, ou comment une oeuvre littéraire peut métamorphoser son lecteur, à tel point que le lecteur devient l'auteur de l'oeuvre qui a changé sa vie. » (Philippe Rolland, Le Magazine littéraire, avril 2011)
« Dans cette correspondance imaginaire avec Queneau, Jean-Pierre Martin marie l’entendement avec l’imagination, créant une forme de sagesse inventive et absurde dont le principe tient en une phrase : “Quand je me mets à penser, je ne m’en sors plus.“ » (Adèle Van Reeth,« La losophie est une discipline hybride », Philosophie Magazine, mai 2011 )
Les écrivains face à la doxa
Essai sur le génie hérétique de la littérature, José Corti, 2011
« La doxa n’est pas une maladie grave. Elle est en quelque sorte constitutive de l’être humain. Chacun de nous en porte le virus, qui ne se déclare pas de la même façon chez tous les individus. Le symptôme essentiel de cette affection chronique est la répétition, ou la répétition aggravée, dite psittacisme. Elle exige un traitement de fond (symptomatique à effet différé) adapté à chacune de ses formes variées.
Il en est de même de la doxa littéraire, qui prend de multiples aspects : théoriciste, idolâtre, anti-biographique, doctrinaire — chacun réclamant une médication spécifique.
Dans les cas de crise aiguë, recourir, pour les premiers soins, à quelques pages d’écrivains (parmi lesquels Proust, Péguy, Gracq, Sarraute, Barthes, Gombrowicz...), qu’on aura choisies pour leur pensée libre et inattendue. »
« Cet ouvrage est salutaire lorsqu’il remet en question la tendance jargonnante et techniciste de l’école, dès que «la méthode devient loi», ou quand il dénonce «la tyrannie du concept» en s’appuyant sur Duras, Sarraute et Barthes. Les poses et les postures d’écrivains, les tabous (pas de biographie, le texte nu) et les injonctions («tout est politique»): cet essai roboratif et jazzé propose en coda trois «traitements» contre les méfaits de la pensée dirigée et canalisée.» (Isabelle Rüf, Le Temps, 29 avril 2011)
«Une réflexion pugnace de Jean-Pierre Martin sur la littérature comme manière de vivre et de penser.» (Roger-Yves Roche, Livre &Lire, avril 2011)
Les liaisons ferroviaires
Champ Vallon, 2011 (sélection prix France-culture / Télérama)
Les personnages de ce roman ne sont pas forcément faits pour se rencontrer, mais ils se trouvent dans le même train, au même moment, passagers ou employés de la SNCF, dans voiture 16 d’un TGV entre Marseille et Bruxelles : une psychanalyste, un ethnologue, un footballeur, une universitaire, un contrôleur, un commercial de bord… Conversations, séduction, prose du monde…
« Jean-Pierre Martin, conducteur tout-puissant de ce TGV romanesque où tout le monde joue un rôle, a composé un petit bijou d’humour et de tendresse. Un roman à sketches à base de monologues intérieurs, de dialogues et d’historiettes racontées par leur différents protagonistes ou témoins, chacun de son point de vue ou d’ouïe. Décidément, ce professeur Martin est un écrivain épatant. » (Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo, 19 novembre 2010)
« Dans ce roman, bijou d'humour et de finesse, de pure élégance, Jean-Pierre Martin bichonne sa narration et embarque le lecteur pour une unique destination : le plaisir. » (Martine Laval, Télérama, le 20 janvier 2011)
« De la très grande virtuosité, une formidable roman polyphonique. » (Jean-Baptiste Harang, Le Magazine littéraire, février 2011)
Eloge de l’apostat
Le Seuil, collection Fiction & Cie, 2010.
Ne pas jamais se renier ? Rester fidèle à sa routine, à sa marotte, voire à sa bêtise ? Ne pas se raviser ? Ne pas se dédire ? Pourquoi devrait-on toujours s’éprouver et se reconnaître identique à soi ? Quelle est la légitimité de cette assignation au passé ? Nous sommes des êtres changeants et métamorphiques, pas des soldats de plomb.
Ce livre, qui prend sa source dans l’expérience personnelle de l’auteur, envisage l’aventure des écrivains qui ont osé réinventer leur vie, voire en essayer plusieurs. Ce fut le cas en particulier pour Rousseau, Barthes, Duras, Gary ; Koestler, Gide, Vailland, Sartre, Nizan, Semprun, Leiris…Le « devenir autre » fut pour eux un défi, une nécessité tout à la fois éthique, esthétique et existentielle.
Le geste qui consiste à briser une allégeance, à s’interrompre soi-même, à entrer dans une vita nova, on l’appellera ici : apostasie. On n’a pas fini d’en décrire la beauté et l’audace.
« Un bel essai mêlant témoignage personnel et étude de cas (Rousseau, Duras, Gide, Barthes, Sartre...) où l'auteur explore le thème de la désertion et de la “vie transfuge”. » (Jean Birnbaum, Le Monde Magazine, 17 avril 2010)
« Dans un essai roboratif, une méditation sur le droit de changer, d'abandonner les anciennes croyances et d'aborder une vie nouvelle. » (Isabelle Rüf, Le Temps, 24 avril 2010)
« Jean-Pierre Martin appuie son auto-réflexion sur des analyses nombreuses, vives, informées et convaincantes. » (Patrick Kéchichian, Artpress, juin 2010)
« Avec les "fictions critiques" de Pierre Bayard, , il y a là le plus excitant exercice critique qu'on puisse lire en ce moment.» (Jean-Louis Lambert, Esprit, février 2011)
« Jean-Pierre Martin dans ce magnifique essai poursuit cette "anthropologie sensible que la littérature nous donne à penser". [...] De cet éloge paradoxal si longtemps voué à la haine et au mépris, il tire un très original et très beau parcours de la seconde moitié du siècle, où la littérature se fait ressource pour des expériences de vie fondamentales, et invention de formes esthétiques grâce auxquelles certains écrivains purent donner un sens à leur parcours de transfuges. » (Jean-Louis Jeannelle, RHLF, avril 2012)
Le livre des hontes
Le Seuil, collection Fiction & Cie , 2006. (Grand Prix de la critique, sélection du prix Renaudot essais.)
« On ne s'étonnera pas de trouver dans la honte - émotion particulièrement inavouable, à la fois historique et singulière, intime et collective, plus que toute autre, peut-être, extensive, expansive, contagieuse, susceptible de traverser tous les individus sans distinction - un alcool fort de la littérature. Car si nous pouvons nous sentir solidaires de quiconque fait l'aveu de sa honte, et en particulier de celui qui l'écrit, c'est que ayant partie liée avec notre expérience commune, il est celui qui nous dit : je suis comme vous. Plongeant dans les gouffres de la déconsidération de soi, la littérature ose briser avec fracas le " silence sacré de la honte ". Elle donne à penser, d'une manière plus aventureuse et plus exploratrice que toute théorie, ce phénomène incessant qu'est la transformation d'un sujet en objet. »
« Ce kaléidoscope passionnant, on évitera de le faire tourner trop vite, de peur d'avoir le tournis. Toutes les hontes y sont évoquées - celles des familles, des souvenirs d'enfance, des origines (sociales, ethniques, régionales, nationales), celles du corps, de la nudité, de la posture. A ces hontes personnelles, liées à un travers ou à un événement singulier, se superposent les hontes endossées, partages d'un destin collectif, d'une mémoire ou d'un opprobre communs.» (Roger-Pol Droit, Le Monde des livres, 7 septembre 2006)
« Jean-Pierre Martin n'entend en rien épuiser son sujet mais dresser une ethnologie assez exhaustive du rapport finalement très productif entre déconsidération de soi et création littéraire. » (Jean-Baptiste Marongiu, Libération, 19 octobre 2006)
« La honte admet en fait mille et une déclinaisons et l’égrenage argumenté et érudit auquel se livre Jean-Pierre Martin est tout simplement passionnant. » (Nathalie Crom, Télérama, 30 septembre 2006)
« Dans un essai inspiré et convaincant, Jean-Pierre Martin remonte le fil de la honte qui innerve selon lui toute littéraire originale, en proposant des parentés souvent originales. » (Sophie Deltin, Le Matricule des anges, novembre-décembre 2005)
« Dans le dernier chapitre de son passionnant, et souvent drôle essai, Jean-Pierre Martin propose “les moyens romanesques de traiter les rougeurs". On peut tous en faire notre miel. » (Jacques Henric, Artpress, novembre 2006)
Traductions du Livre des hontes en russe et en roumain.
Sabots suédois
Roman, Fayard, 2004
« À ses débuts, le jeune baba du Livradois-Forez ne travaillait pas vraiment, du moins pas au sens où ce mot s'emploie d'ordinaire. Il était encore moins prédisposé au commerce. Il était là, simplement. Il menait une vie minimale, presque animale. Il écoutait le chant de la chouette. Il cueillait des myrtilles. Il explorait les coursières. Il vivait d'expédients et d'alcools forts. Il habitait l'Auvergne en poète. Seul, en couple, ou en communauté. Avec ses rituels collectifs. Son rêve aurait été de vivre à la fois dans un grand isolement, à l'écart de tout, et dans l'atmosphère d'un festival rock and folk ininterrompu.»
« L'ouvrage de Jean-Pierre Martin, ex-baba aujourd'hui professeur de littérature, est essentiel. Il faut lire ces souvenirs modestes et drôles comme on se plonge dans une source d'éternelle jeunesse.» (Didier Pourquery, Métro, 22 avril 2004)
« Allez-y voir, ça ressemble à du Twain revisité par Queneau. Il n'y a ni condescendance ni mépris. L'amour a persisté. Pour qui veut comprendre de quoi la France est faite, il n'y a pas meilleur guide que ces "Sabots suédois". » (Gérard Guégan, «La saga des babas », Sud Ouest, 2 mai 2004)
« Dans ce récit alerte plein de charme et de réminiscence, Jean-Pierre Martin, dresse les listes de cette culture plus belle et émouvante que dérisoire. Il raconte comment il s'initia à la technique artisanale de fabrication des fameux sabots suédois - autre objet fétiche de l'époque - et en vécut. » (Patrick Kéchichian, « Retour Amont », Le Monde des livres, 28 mai 2004)
Henri Michaux, biographie
Gallimard, 2003. Prix Louis Barthou de littérature générale de l’Académie française
« Henri Michaux ne fut pas sans corps, sans famille, sans histoire. « Moi je veux voir et vivre », disait-il, jeune homme. Jusqu'à sa mort, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, il prit mille fois le bateau et le train, migra d'hôtel en hôtel, aima plusieurs femmes, noua de profondes amitiés, scruta les foules, les animaux et les arbres. C'est avec une curiosité intense qu'en lui le peintre et l'écrivain ne cessèrent d'observer le monde.
Parti sur ses traces, Jean-Pierre Martin a enquêté, interrogé des témoins, consulté archives et correspondances inédites. De Namur à Montevideo, de Quito à Knokke-Le Zoute, de Calcutta à Saint-Vaast-la-Hougue, il a visité de nombreux lieux de passage de la comète Michaux, décelant dans l'enfance et l'adolescence belges, dans cette origine détestée, quelques-unes des singularités qui ont façonné un être de fuite. »
« A la figure courante du biographe comme thésauriseur sans perspective, Jean-Pierre Martin oppose une vraie prodigalité et un instinct puissant de synthèse. Son travail est exemplaire, même lorsque l'auteur intervient personnellement pour combler un manque, émettre une hypothèse. Sa biographie a ce mérite (assez rare en fait) de faire converger et d'unifier toute l'information qu'elle déploie. » (Patrick Kéchichian, Le Monde des livres, 20 novembre 2003)
« A la fois essai et roman, le remarquable travail biographique de Jean-Pierre Martin écarte les images figées pour déployer la mobilité et la fureur toujours en mouvement de HM, dit “Plume”, dit “le barbare”. » (Isabelle Rüf, Le Temps, 22 novembre 2003)
« Ayant abordé au bouquin de Jean-Pierre Martin, je n’ai plus été en mesure de la lâcher. J’y suis encore et vous y serez longtemps, je vous le souhaite. Un roman, cette biographie, une écriture vivante, précise, un livre d’histoire proche ; c’est aussi une enquête de vie, de mœurs, on s’y attache, on s’émeut. » (Bernard Kouchner, Le Magazine littéraire, novembre 2003)
« JPM exauce à merveille le vœu de HM : “ne me laissez pas pour mort, parce que les journaux auront annoncé que je n’y suis plus” » (Bernard Morlino, Le Figaro, 4 décembre 2003)
« Le livre chaleureux de Jean-Pierre Martin tend un miroir grand tain. » (Gilles Macassar, Télérama, 17 décembre 2003)
Henri Michaux
Éditions des Affaires Etrangères, ADPF-Publications, 1999
« Ne me laissez pas pour mort, parce que les journaux auront annoncé que je n'y suis plus. Je me ferai plus humble que je ne suis maintenant. Il le faudra bien. Je compte sur toi, lecteur, sur toi qui va me lire, quelque jour, sur toi lectrice. Ne me laisse pas seul avec les morts comme un soldat sur le front qui ne reçoit pas de lettres. Choisis-moi parmi eux, pour ma grande anxiété et mon grand désir. Parle-moi alors, je t'en prie, j'y compte. » (Henri Michaux, Ecuador).
La Bande sonore : Beckett, Céline, Duras, Genet, Perec, Pinget, Queneau, Sarraute, Sartre
José Corti, 1998
« J'ai cru rêver qu'un nouvel imaginaire de la voix s'annonçait avec Charles Cros, poète inventeur du phonographe, mais aussi avec Louis Armstrong, trompettiste et scat singer; que les malheurs et les jouissances d'une mythologie moderne de la voix se perpétuaient entre les deux guerres et, plus récemment, à une époque qui voulut redonner parole aux murs, voix aux minorités.
J'ai cru entendre, dans des romans de voix, les échos d'une amplification ambiante, de cet assourdissement du monde où se mêlent voix médiatique, rythmes nouveaux et murmure des conversations.
J'ai voulu imaginer que le roman du XXe siècle s'était écrit, presque sans le savoir, à l'ère du jazz entendue en un sens très large, à l'ère de la voix déchirée entre le verbe de la communauté et le verbe de l'écrivain. »
« Jean-Pierre Martin, écrivain, enseignant, pianiste, a composé là une « bande sonore » fort agréable à l’oreille, qui ne peut que nous porter à souhaiter d’autres volumes et d’autres voix à “écouter écrire ”. » (Philippe Fréchet, Europe, 1998)
« Il s’agit d’un travail tout à fait remarquable sur la généalogie d’un important courant de la littérature française, celui qui a introduit le langage parlé dans la narration (et donc, pas seulement dans les dialogues), langage qu’il fallait réinventer pour le transcrire par écrit. » (Jean-Louis Lambert, Esprit, février 1999)
Corner-line
Paroles d'Aube, 1998 (épuisé)
« Or juste le dimanche de la semaine où l'on arrive à Craoua, vous me croirez si vous voulez, eh bien ce dimanche-là, ce fut précisément celui du fameux match Trouf-Craoua, ce derby qui annonça une ère nouvelle, où l'on vit l'effondrement inattendu des Troufois au profit des Craouais. Et j'ai crié, crié, crié victoire. Je me suis présenté sur le champ comme un craouais de souche qui écrasait Trouf huits buts à zéro. Alors même que je venais de Trouf ! J'en rougis encore. C'est que j'avais immédiatement senti le vent tourner. J'ai en quelque sorte anticipé l'exode massif qui a suivi. Dès le pénalty accordé aux Craouais sur la pression de la foule en furie à la deuxième minute. Ça valait mieux pour moi. Il suffisait de prendre l'accent de Craoua, de faire oublier que j'étais de Trouf. J'étais jeune, adaptable, je m'y fis. Personne ne sut que j'avais été Troufois dans mon enfance.
Ah, comme j'ai bien fait ! »
Contre Céline, ou d’un gêne persistance à l’égard de Louis Destouches sur papier Bible
José Corti, 1997
La responsabilité historique d’un écrivain ne se mesure pas essentiellement à son degré d’allégeance ou d’adhésion à un parti, mais plutôt à la façon dont il s’est fait le porte-voix, auprès d’un public qui dépasse largement le cercle des amateurs de littérature, des idées barbares et totalitaires de son temps, à la façon dont il leur a conféré une légitimité littéraire, à la façon dont ses propres fantasmes, se nourrissant des idées grégaires et lyncheuses, les ont réactivées, à son impuissance à penser ce vertige, ou encore à son incapacité à se raviser.
On aimerait partager la désinvolture de ceux qui admirent tout Céline sans arrière-pensée. Pasolini, très remonté contre la célinolâtrie française, évoquait à ce propos une « admiration inconditionnelle devenue lieu commun ». Céline antisémite (et prosélyte) avant, pendant et après les camps d’extermination, ce n’est tout de même pas comme Voltaire ou Shakespeare.
La question centrale est au fond : comment l’Histoire passée continue-t-elle à produire du présent ? Faire comme si le débat était clos, le simplifier, empêcher la lecture historique ou politique de Céline, ce serait exercer une autre forme de censure.
« Le livre de Jean-Pierre Martin est précieux, passionnant et très instructif. Tous les pièges grossiers que Céline a tendus à la critique littéraire ont fonctionné. À lire d'urgence. » (Philippe Val, Charlie Hebdo, 19 mars 1997)
« Jean-Pierre Martin nous rafraîchit la mémoire dans un pamphlet aussi féroce que brillant. » (Ouest-France, 11 avril 1997)
« Céline était un grand écrivain et un porte-parole du racisme, c’est pour s’arrêter sur ce “et ” que Jean-Pierre Martin vient de publier un irrévérencieux Contre Céline, sous-titré “roman”, pour rappeler qu’on ne peut minorer ou ignorer l’un ou l’autre aspects, également importants. » (Corinne Denailles, Politis, 29 mai 1997)
« Si du pamphlet ce texte a la virulence et la verve, il a surtout la rugueur de l’essai. » (Arnaud Rykner, Études, juin 1997)
« Un essai-pamphlet, ironiquement présenté comme un "roman" avec de réjouissants sous-titres, impeccable et salutaire descente de la statue célinienne depuis ses flèches jusque dans ses flaches noires et froides. Ce livre n'est pas récent mais il perce, il va percer en dépit de quelques silences gênés. » (Sitaudis, mai 2006)
Le Piano d'Épictète, récits
José Corti, 1995
« Un pianiste de bar passionné par le be-bop et les stoïciens • Un lecteur fou qui reçoit dans sa boîte aux lettres des messages de ses écrivains chéris • Un écrivain fasciné par l'art quotidien d'une cuisinière • Un couple préhistorique qui assiste, de sa caverne, à la naissance de la société de consommation • Un contemplatif irrésistiblement emporté dans une méditation autour des seins • Un pays où les hommes de lettres sont au pouvoir.
Entre ces morceaux apparemment disparates : le petit fil secret d'une histoire — sans doute celle d'une sagesse impossible à trouver. La littérature, pourrait-on croire, conduirait à cette sagesse. Mais sa passion est étouffante. Et l'on aimerait qu'elle respire dans le bruit du monde. »
« Un véritable traité du lieu commun, un écriture légère qui pratique l'art du décalage, bref un ton, vivant, singulier, rageur et décapant. » (Emmanuel Laugier, Le Matricule des anges, 15 mars 1995)
« Ces huit nouvelles, chroniques et fantaisies ont en commun la même quête d’une élégance discrète, d’une sagesse en contrepoint d’un monde bruyant et brutal, d’un lieu idéal où la littérature et la musique tisseraient subliment leurs échos. Une cuisine simple et savante à la fois, qui mérite une dégustation complice. » (Philippe Olivier, Nouvelle donne, mars 1995)
« L’excellent Piano d’Épictète donne son titre, son ton et son tempo à ces nouvelles (la plupart parues à la NRF.). A mi-chemin de la fiction et de l’essai, la manière de Jean-Pierre Martin témoigne d’une exigence en heureux contraste avec les milieux de l’édition. » (Jean-Philippe Mestre, Le Progrès, 23 mars 1995)
Le Laminoir
Roman, Champ Vallon, 1995
« Tout a commencé par une vision: durant un cours de philosophie à la Sorbonne la Madone des métallos est apparue au jeune Simon. Dès lors, le voici voué à caboter d’usine en usine, à errer entre petits chefs et petites frappes, entre patrons et matons. Dernière escale : un laminoir. Entre ironie et nostalgie, ce roman raconte une aventure déjà lointaine : celle qu'on a appelée " l'établissement», au temps où des jeunes intellectuels allaient travailler en usine. D’un tel voyage, seule la fiction pouvait témoigner. »
« L’auteur met au service de cette fable un style de burineur qui ne laisse aucune chance à la moindre afféterie ni du reste à la compassion. Ce n’était pas nécessaire, l’esclavagisme étant ce qu’il est. L’esprit de révolte aussi. » (Claude Mourthé, Le Magazine littéraire, mars 1995)
« Un parcours initiatique au cœur du monde ouvrier. » (Solange Recorbet, Le Progrès, 16 mars 1995)
« Jean-Pierre Martin revisite dans ce premier roman le thème de “l’établi” – cet intellectuel qui, dans le sillage de Mai 68, allait faire un séjour en usine. Mais les choses, sous la plume alerte de l’écrivain, prennent un tour plus onirique et ironique que social et politique. » (Le Monde des livres, 14 avril 1995)
« Évitant le double piège du misérabilisme et de l’angélisme, Le Laminoir est une réussite, l’équivalent moderne de Travaux, le chef-d’œuvre de Georges Navel. […] Cette stèle où sont inscrits les noms des figurants d’un combat toujours recommencé est un livre formidable. » (Raphaël Sorin, L’Express, 6 juillet 1995)
Henri Michaux
Écritures de soi, expatriations, José Corti, 1994 (Prix Rhône-Alpes de l'essai))
« Ce livre tente de restituer l’histoire de l’œuvre multiforme de Michaux, sa fabrique et sa généalogie, ses infléchissements, à partir des années de formation jusque dans l’après guerre. Il dévoile des imprégnations essentielles (en particulier du côté des mystiques, de l’histoire naturelle et de la psychologie), masquées par l’auteur. Des premiers textes aux grands recueils, de Qui je fus à La vie dans les plis, des récits de voyage (Ecuador et Un barbare en Asie) aux ethnographies imaginaires (regroupées dans Ailleurs), se manifeste un désir d’échapper au groupe, à l'assignation à résidence. Les modalités de la fuite, cependant, ne cessent de s'infléchir. Prendre la mesure de cette diversité, c'est reconnaître aussi que cette œuvre a bien vieilli, que Michaux a su constamment chercher de nouvelles réponses esthétiques. »
« Cette somme d'une grande richesse me semble exemplaire d'une polycritique "éclectique", fédérative. Aucun lecteur de Michaux ne pourra désormais s'en passer. La limpidité et la perspicacité du discours, sur une matière pourtant complexe et fuyante, s'y accompagnent d'un constant bonheur de formulation.» (Jean-Charles Gateau, RHLF, 1994)
« Il s'agit sans doute de l'étude la plus fouillée à ce jour de l'œuvre de Henri Michaux, dont toute la cohérence est ici admirablement mise en lumière.» (Maxime Caron, La Voix du Nord, 14 octobre 1994)
« A cet exercice d'une insoumission critique, on ne gagne pas qu'en intelligence éclairée, mais en bonheur de lecture.» (Christine Planté, Europe, novembre 1994)